La Cala (fin)

Nou­veau démé­nage­ment. Loué en févri­er 2017, c’est tout juste si j’au­rai passé, à l’oc­ca­sion de deux voy­ages, quar­ante jours dans cet apparte­ment de La Cala. Dans l’as­censeur, j’af­fiche la liste des objets à don­ner. Vingt min­utes plus tard, deux cou­ples son­nent à la porte. “Vous don­nez?” La sur­prise est telle, qu’ils en rient. Les voici qui trans­portent dans le couloir, table de jardin, robot-mixeur, chais­es longues et vais­selle. En con­trepar­tie, je demande que l’on me prête un aspi­ra­teur, ayant eu l’idée d’aspir­er le solar­i­um (merdes de mou­ettes marines, coquilles de noix cassées par les mêmes et résidus de morti­er) avec mon Dyson, que j’ai jeté après la tâche. Et j’an­nonce qu’il rester un lit com­plet, neuf, acheté pour Luv il y a six a mois. La veille de la remise des clefs, l’un des hommes revient, attrape le lit.
-Comme ça? Vous êtes sûr qu’il va pass­er dans l’as­censeur?
-Mais oui, fait le pre­neur.
Il ne passe pas. Le type dévisse les pieds.
-Où êtes-vous garé?
-Sur la place du bus.
Il revient pour le mate­las. Je descends avec lui. Le lit est posé sur le trot­toir. Il me fait signe de l’aider. Pose le mate­las sur le toit sans porte-bagage de sa Seat et le lit, ouvre les vit­res, lig­ote avec un morceau de ficelle.
-Par­fait! (Aucune chance que ça tienne; j’a­jouterai, les Espag­nols ne sont pas prêts d’aller sur la lune). Là, main­tenant, on va descen­dre vos livres!
L’en­cy­clopédie de l’A­cadémie espag­nole en vingt-trois vol­umes que j’ai trou­vé au pied des poubelles de Tamad­a­ba en 2016, démé­nagé à Rin­con en 2017, et ramène ce matin aux poubelles (un arti­cle con­sulté).
-Et pour l’aspi­ra­teur?
-Au rez, c’est la porte devant laque­lle est accroché un vélo.
Cela fait, le type retourne à sa voiture. Pas un mer­ci. A la porte dite, je sonne. Un chien de lab­o­ra­toire me saute à la poitrine. Une femme aimable mais l’air inqui­et se pré­cip­ite sur son aspi­ra­teur, me le tend, referme. Je l’en­clenche. Il souf­fle. Il hurle. Il rugit. J’en­fonce des tam­pons auric­u­laires. Je noue une foulard autour de mes oreilles. A la fin de l’opéra­tion, j’ou­vre grand les fenêtres de l’ap­parte­ment pour chas­s­er l’odeur de vielle huile d’olive.