Lever de pneus de tracteur sur un chantier avec des recrues de la police. Brutal et réjouissant. Dans les hauteurs s’activent les pelles mécaniques et trois cent pompiers, mineurs, secouristes, spéléologues pour retrouver l’enfant tombé dans un puits de cent dix mètres dimanche dernier. Le spectacle médiatique (fustigé en son temps par Debord dans un film-dénonciation à propos d’un autre enfant, victime celui-là d’une mort en direct par les sables mouvants) bat son plein. Il y aurait beaucoup à dire sur la dimension cathartique de ce train d’images mais aussi sur la fonction compensatoire du journalisme devant les moyens plus qu’incertains engagés par l’Etat. Pour revenir à nos pneus, gants de boxe et cordes à sauter, nous pratiquons dans un vaste bâtiment en bord d’autoroute qui ressemble à un silo nucléaire mais abrite en réalité une église évangélique et, découvert alors que je me fourvoyais dans un couloir secondaire, un bureau de recrutement de la police (ce qui explique l’identité de mes compagnons leveurs).