Afin de mettre toutes les chances de son côté, le chat marchait le long de l’autoroute à contresens.
Mois : janvier 2019
Monde 3
Comment se désinsérer ? La question devient urgente dès l’entre-deux-guerres quand le socialisme de gauche et de droite s’empare des groupes humains. Saint-Exupéry marque son dédain : « vivre dans la termitière, non ». Si nous peinons à comprendre aujourd’hui cet état lamentable de l’humain réduit à l’individu collectif c’est parce que le tas (la termitière) occupe tout l’espace disponible. Le capitalisme inclusif réussit là où avaient échoué les totalités précédentes.
Monde 2
Réduire la dépendance électronique. Ce qui ne veut pas dire : réduire l’électronique. Les réseaux ne sont pas abolis dans leur forme nouvelle, mondiale et digitale, ils doivent être déconcentrés, ce qui exige de chacune des unités participantes (le vivant que nous sommes, indivis) un effort original de réappropriation. L’autonomisation par les réseaux est l’espoir qui doit remplacer la dépendance et le contrôle actuels.
Boutique
A nouveau chez le marchand de vélos, penché sur l’ordinateur qui affiche les points de géométrie du cadre, occupé à composer étape par étape la machine qu’il commandera pour moi. Entre un couple. Tous deux blonds, grands, nordiques. La femme tient dans les bras un chien de la taille d’un paquet de cigarettes. De temps à autre, elle caresse la tête. L’homme choisit un vélo. Il ne touche pas, ne déplace pas, ne pose aucune question. A petits pas, il défile devant les modèles. Quelque peu inquiets (un Espagnol, ça ne voyage pas), les vendeurs appréhendent le moment où ils auront à parler dans une langue inconnue. Je propose de traduire. « Oui-Pouvez-vous livrer ?-Chéri ?-Mm ? ». A la fin de cet échange, aussi bref que je le dis, sans dégager les montures, les essayer ni les évaluer, le couple règle deux vélos pour le prix de mil euros.
Cala 2
Le temps est radieux. Ciel pur, perroquets chanteurs, vingt-deux degrés. Dès le réveil, je suis au marché. De pareils jours, regarder les gens vivre est enthousiasmant. La rue se remplit de discussions, les dames montrent leurs légumes, le coiffeur vient sur son pas de porte. Autour du vendeur de billets de loterie, un groupe rit. Même la boulangère, coincé dans ses cent kilos, entre la trancheuse et sa belle-mère chauve, en chaise, le menton sur la canne, sourit. J’achète des noix pelées, un kilo d’olives, des figues. Des carottes, des radis, chez le gitan des avocats noirs, me change et vais sur la digue faire un entraînement. A trois heures, menu en terrasse chez Marines. A l’écran, douze jour après la chute de l’enfant dans le puits de Totalán, les mineurs asturiens descendus à 75 mètres creusent la galerie horizontale qui doit permettre de le retrouver « peut-être déjà ce soir ». Deux cents voisins prient.