Mois : octobre 2018

Leçon

Mon vendeur de bière au super­marché Conad, der­rière la Casa Buonarot­ti:
-Tou­jours à rem­plir les étagères?
-Hé, je n’ar­rête pas de tra­vailler!
-Com­bi­en d’heures par jour?
-Qua­tre.
-Bon.
-Oui, mais il m’en faut autant pour faire l’aller-retour depuis la ban­lieue.
Puis nous faisons notre petite leçon d’anglais quo­ti­di­enne, lui traduisant de l’I­tal­ien, moi corrigeant.

Partout

Partout le même plaisir, écrire, lut­ter, boire, penser; mais aus­si, ce pro­gramme partout le même, dis­ci­pliné, con­stant, volon­taire, dis­sout les cir­con­stance, abolit l’e­space comme le temps, fusionne les com­posants unique de Flo­rence — anti-artis­tique, il réu­nit aux idées et sépare du réel.

Babar

Le pou­voir sidère. Même un sec­ond couteau, un bouche-trou, un tiède tel que François Hol­lande, sus­cite, dig­nifié par la fonc­tion prési­den­tielle entre­gent, poignées de main et bass­es flat­ter­ies. Preuve par l’ab­surde de l’am­bi­tion déplacée du dernier des quelconques.

Traverseur

Aux dernières heures de la nuit, traver­sée épatante sur mon vélo chi­nois brin­que­bal­ant et neuf des ruelles renais­santes de Florence.

Générateur de vocabulaire 2

Molécu­loaug­men­ta­tion.

Espace.it

Qu’il y ait mou­ve­ment ou non, gestion de l’e­space sur le plan hor­i­zon­tal et ver­ti­cal, géniale des Italiens.

Vélo

Acheté un vélo. Se ren­dre à la Palestra en bus est trop com­pliqué, trop cher, trop lent. Et faire à pied seize kilo­mètres après deux heures d’en­traîne­ment, il ne faut pas exagér­er. Gala me laisse sur le trot­toir de la Via Ghi­bel­li­na:
-Je vais négoci­er.
Quand elle revient, il y a une heure que je poiraute, elle a une bière à la main, elle me fait signe, me présente un Brésilien de deux mètres qui con­naît mon nom, mes besoins, ma nation­al­ité, me con­naît. Nous ren­trons dans la bou­tique, elle me présente un autre garçon, à barbe:
-Alexan­dre, c’est Alexan­dre.
Le salue Alexan­dre, me retourne, Gala a dis­paru. Elle rap­porte des bières, fait la dis­tri­b­u­tion, annonce qu’elle doit par­tir pour sa classe de dessin, me plante là, entre Alexan­dre et le Brésilien qui est occupé à répar­er une selle. Plus rien ne se passe. Cinq, dix min­utes. Cette façon de faire est aux antipodes de ma façon. Mais voilà, j’at­tends.
-Encore cinq min­utes, annonce le Brésilien.
Puis nous par­lons de surf, de Lom­bok, de Sao-Paulo, de para­pente, d’ap­pli­ca­tions pour les télé­phones et buvons une bir­ra Moret­ti. A la fin, il sort un car­net et fait un savant cal­cul. J’ob­tiens un vélo, que j’achète, qu’il rachètera, un vélo qui est neuf mais qui n’est pas celui que je voulais, avec un cade­nas, il m’en coûte 134 Euros, dans vingt-deux jours Aldo me ren­dra 90 Euros.

Eau

Hier, me dit Mon­frère, annonce de pol­lu­tion du réseau munic­i­pal d’eau à Blon­ay, can­ton de Vaud. Aus­sitôt, les éta­lages d’eau des super­marchés sont vidés. Mais bien sûr, comme me dis­ait cette amie écrivain il y a dix ans comme je dévoilais mon jeu : “le sur­vival­isme, tu ne vas pas te met­tre à croire ces bêtis­es, Alexandre!”

Luc

Luc Fer­ry, l’homme qui traite du sujet à la mode quelques heures avant les autres.

Arabes

Une his­toire amu­sante se déroule dans la rue, sous notre apparte­ment. Elle a ses épisodes. Les Arabes occu­pent dans l’im­meu­ble un fond de cour fer­mé par un rideau de garage. L’en­seigne annonce “cen­tre cul­turel islamique”. Pra­tique­ment, ils se déchaussent et prient. De retour dans la rue, ils traî­nent sur le trot­toir opposé. Voilà pour la sit­u­a­tion de départ. Car au bout de quelques jours, l’un de ces hommes a eut l’idée d’ap­porter une bouteille d’o­r­angeade et des ver­res. Dès lors, on traîne et on boit. Le jour suiv­ant, on boit et on mange. Un col­lègue de l’homme à la bouteille tar­tine des demi-baguettes et vend ses sand­wichs. Puis le marché s’é­tend. Des cou­ver­tures sont déroulées au sol, des paires de godass­es et des vieux vête­ments jetés sur le tas. On échange, on achète, on vend. Une véri­ta­ble “his­toire prim­i­tive du marché”. A ce stade, je me dis: et quoi? ils vont prier dans la rue et camper dans le square? Fin du week-end, les can­ton­niers appor­tent un camion de pein­ture, la police fait décam­per les auto­mo­bilistes garés con­tre le trot­toir, une ligne blanche appa­raît. Tout le long du trot­toir, là où les Arabes font com­mu­nauté. A la tombée de la nuit, les can­ton­niers s’en vont. Le square, la ligne, pas un Arabe. Ce matin, je me penche par la fenêtre: mêmes cou­ver­ture déroulées, sand­wichs et godass­es. Et maintenant?