Ce soir, vendredi, entre voisins. Les portes de maisons s’ouvrent, un petit air circule, les gens sortent dans la rue, vont sur la place. Paco vernit ses cadres de fenêtres; Alejandro revient de la plaine où “il y avait trop de vent pour s’asseoir sur une terrasse de bistrot” et la Famélique (une fille de trente ans, qui ne parle, ne vous toise ni ne mange, par ailleurs belle, un profil de Sainte — on la connaîtra quand elle sera morte) s’intéresse à l’élevage des courgettes. Nous allons vers le bar. Plutôt que de rester au comptoir où l’on cause vaches et modèles de voitures tout en lorgnant sur le programme de télévision de la chaîne “Alto-Aragon”, je rejoins les jeunes dehors. Alejandro me montre un clip vidéo de son groupe tourné à Saragosse, titres hard entre Lynyrd Skynyrd et AC/DC. Sa femme, géologue, enseignante, évoque Total, les pétroliers de France, qui ont mis sous tutelle son département d’Université cependant que l’ouvrier chargé des chèvres, après une journée à s’occuper de chèvres, dit: “On est vendredi, c’est pas trop tôt!”.