Marina nous avertit: il y a des moustiques. La proximité du fleuve, n’est-ce pas? Mais on pense: ils m’épargneront. Vient la nuit. Puis un moustique. Je me rassure: ça ira! En effet, ça va. Ce n’est ni l’Amazonie ni la Finlande des lacs, juste des bêtes fébriles égarées dans le dédale florentin. Tout de même, après avoir été piqué une et deux fois, je retire mes tampons de cire, car à la différence des spécimens tigres de Malaga, ces moustiques italiens sont sonores. Je guette mon attaquant. Il approche. Se pose. Je tape. Quand je m’endors, je me réveille: un autre. J’ai beau tapé, rien. Il dure. A force de réfléchir à la trajectoire en fonction du son, je comprends que c’est autre chose, de beaucoup plus nuisible.
-Il y a un muezzin, dis-je le matin à Gala.
Elle rit.
-Qui chante.
Elle croit que je plaisante. J’ouvre grand les fenêtres de notre chambre. En face de l’immeuble, contre la barrière du square, des hommes un cageot fixé sur un vélo. Ils vendent des sandwichs. D’autres vendent des godasses à même le trottoir.
-Et là, à la hauteur de la voiture blanche, c’est une mosquée. Enfin un centre culturel. Donc une mosquée.
A ce moment les cloches des églises se mettent à sonner et l’idiot culturel du sous-sol, pour faire bonne mesure, recommence sa vocifération.