Florence 2

Mari­na nous aver­tit: il y a des mous­tiques. La prox­im­ité du fleuve, n’est-ce pas? Mais on pense: ils m’é­pargneront. Vient la nuit. Puis un mous­tique. Je me ras­sure: ça ira! En effet, ça va. Ce n’est ni l’A­ma­zonie ni la Fin­lande des lacs, juste des bêtes fébriles égarées dans le dédale flo­rentin. Tout de même, après avoir été piqué une et deux fois, je retire mes tam­pons de cire, car à la dif­férence des spéci­mens tigres de Mala­ga, ces mous­tiques ital­iens sont sonores. Je guette mon attaquant. Il approche. Se pose. Je tape. Quand je m’en­dors, je me réveille: un autre. J’ai beau tapé, rien. Il dure. A force de réfléchir à la tra­jec­toire en fonc­tion du son, je com­prends que c’est autre chose, de beau­coup plus nuis­i­ble.
-Il y a un muezzin, dis-je le matin à Gala.
Elle rit.
-Qui chante.
Elle croit que je plaisante. J’ou­vre grand les fenêtres de notre cham­bre. En face de l’im­meu­ble, con­tre la bar­rière du square, des hommes un cageot fixé sur un vélo. Ils vendent des sand­wichs. D’autres vendent des godass­es à même le trot­toir.
-Et là, à la hau­teur de la voiture blanche, c’est une mosquée. Enfin un cen­tre cul­turel. Donc une mosquée.
A ce moment les cloches des églis­es se met­tent à son­ner et l’id­iot cul­turel du sous-sol, pour faire bonne mesure, recom­mence sa vocifération.