Passage tortueux de l’essai sur la critique fonctionnaliste du Cogito que produisent à tour de bras les Américains “philosophes de l’esprit” et leurs “expériences de pensées” qui convoquent “martiens”, “chambres chinoises”, “ordinateurs formels” ou encore (chez Denett) cette “Marie qui ne voit pas les couleurs”. Ces gens-là — en réalité des religieux — se perdent si bien dans leurs élucubrations qu’ils croient expérimenter dans un laboratoire scientifique, alors qu’ils creusent une métaphore. D’avoir tant lu les Méditations de Descartes facilite l’appréhension du problème corps-esprit et dans le même temps pointe sur d’innombrables possibilités d’interprétation qui rendent la question plus complexe qu’il ne faut. Mon propos était en l’occurrence de dénoncer l’idéologie matérialiste qui sous-tend le discours des Américains et favorise indirectement la création de cet homme du futur, artefactuel et déculturé, que prône le posthumanisme. Si je débouche, je pourrais alors montrer comment pourrait s’opérer à l’avenir, pour le malheur de l’humanité, la jonction entre le néo-libéralisme et cet homme-machine que veulent construire les multinationales du numérique.