Une seule fois j’ai vu la voiture de Gala. Petite, grise, française, Citroën je crois. La précédente, une Honda foncée et plate, nous avons roulé des nuits entière à son bord, cherchant où coucher, où s’enfermer, se cacher, empruntant des appartements, des chambres et même un château pour le week-end, parfois loin de Genève, ou roulant dans l’herbe une couverture sur le dos, le passage d’une voiture à l’autre correspondant bien au changement de nature de notre relation, plus compliquée et disparate que jamais et c’est elle, cette voiture grise pareille à toutes les autres que je guette du fond du hall de réception du Holiday Inn de Berg Am Laim, qui surgit en effet dans l’allée autour de dix-huit heures, pointant du nez à gauche à droite comme je me précipite pour faire des gestes d’accueil, n’étant pas vu, redoublant de vigueur. Gala sort de la voiture et, comme si elle me trouvait par hasard, dit:
-Tu es là?