Allemagne 2

Une seule fois j’ai vu la voiture de Gala. Petite, grise, française, Cit­roën je crois. La précé­dente, une Hon­da fon­cée et plate, nous avons roulé des nuits entière à son bord, cher­chant où couch­er, où s’en­fer­mer, se cacher, emprun­tant des apparte­ments, des cham­bres et même un château pour le week-end, par­fois loin de Genève, ou roulant dans l’herbe une cou­ver­ture sur le dos, le pas­sage d’une voiture à l’autre cor­re­spon­dant bien au change­ment de nature de notre rela­tion, plus com­pliquée et dis­parate que jamais et c’est elle, cette voiture grise pareille à toutes les autres que je guette du fond du hall de récep­tion du Hol­i­day Inn de Berg Am Laim, qui sur­git en effet dans l’al­lée autour de dix-huit heures, pointant du nez à gauche à droite comme je me pré­cip­ite pour faire des gestes d’ac­cueil, n’é­tant pas vu, redou­blant de vigueur. Gala sort de la voiture et, comme si elle me trou­vait par hasard, dit:
-Tu es là?