Menu du jour avec les instructeurs et d’autres combattants dans un quartier proche de la Foire de Malaga aux maisons basses brûlées de soleil. A la table voisine, une famille d’ouvriers avec oncles, grands-parent et deux adolescents dont une fille au physique exceptionnel que je suis seul, assis dans l’angle, à voir et que je regarde à n’en plus pouvoir pendant le repas, non tellement pour sa sensualité (elle doit aller sur ses quatorze ans) que pour sa plasticité qui, chose rare, est parfaite, aussi bien dans les rapports que pour la finesse du cou, du nez, du menton. De plus, le caractère physique incarne l’Andalouse idéale: cheveux de jais, front altier, de grands yeux aux cils arqués, un port droit et fier qui ne plie pas. “Retourne-toi”, dis-je à Monfrère. Ce qu’il fait sans trouver à cette image la fascination que j’y trouve. Le repas se poursuit, entre deux bouchées, je ne cesse d’admirer. Elle, jamais ne pose le regard sur notre tablée, d’où cette question: nous a‑t-elle seulement vus? Plus étrange, alors que la famille entière, façon espagnole, parle, rit, s’exclame, elle ne prononce pas un mot. Nous buvons le café avec Izraeli quand elle sort derrière son père. La salle de restaurant étant construite en surplomb du trottoir, j’ai alors une vue plongeante sur la gamine, qui s’éloignant tient la main droite sur son entrefesse la paume vers l’extérieur.