Manger

Moi qui aime manger, mon plaisir va faib­lis­sant. Pire, je me méfie de la var­iété. Ces éta­lages de pois­son, de char­cu­terie, de tartes, de mets pré­parés m’in­quiè­tent. Leur vue déclenche un sen­ti­ment de duperie. Les vict­uailles pris­es la semaine dernière dans ce super­marché de Tarbes dont j’ai écrit ici qu’il était en réfec­tion et con­damnait les acheteurs à par­ticiper au jeu du chat et de la souris, m’ont paru d’une essen­tielle pau­vreté. Va pour les fro­mages, mais le canard, le steak, les fruits, le pain. Aus­si lim­ité-je ma con­som­ma­tion au riz, aux pâtes et aux légumes du nord, chou, carottes, bet­ter­ave que je com­pose avec de l’huile d’o­live, de l’ail et de l’oignon. Com­ment en est-on arrivé là? Il y a vingt ans, je vivais dans la cam­pagne du Gers, les marchés de rue étaient encore acha­landés. Aujour­d’hui, c’est mis­ère. Les choses de la terre ont migrées vers la grande dis­tri­b­u­tion où elles se sont déval­orisées. Ren­gaine de tou­jours, l’abus de posi­tion dom­i­nante, imparable.