Parfois épuisé, mais fatigué, pas que je me souvienne; voilà qui change. Si j’entreprends une réparation, fais une course, traite une affaire, je me réjouis d’en finir, de m’asseoir, de me coucher, ne serait-ce que pour divaguer, activité entre toutes la plus utile et la plus porteuse. Penser vaut mieux que faire. Si j’en parle, c’est que je transportais tantôt à travers le village une section de gouttière, du vieux tuyau et des piles de carton après avoir percé, vissé, retourné la terre et rempoté un palmier. Dans cet état, je croise la vielle dame qui vit au-dessus de la ruine. Elle approche lentement, me voit. J’attends (peut-être est-elle sourde), la salue.
-Vous allez bien? Il a manqué pleuvoir.
-Pleuvoir? Oui, oui. Je me promène.
Je comprends alors que si elle veut faire la promenade jusqu’au bout, elle ne peut en plus parler de la pluie et du beau temps, que c’est l’un ou l’autre, précédée et suivie comme elle de la fatigue.