Etouffer

Des papiers, encore des papiers, des papiers fac­tures, des papiers-verse­ments, des let­tres-con­tes­ta­tion et des répons­es-types, ce régime affreux qui étouffe comme étouf­fait dans le film Brasil sous une tor­nade de papi­er ce pau­vre pié­ton qui se hâtait vers son tra­vail. Ayant fini le mien, traiter ces et class­er ce papi­er, je monte en train pour rejoin­dre la Glâne. Or, à peine assis dans le wag­on, j’ai dans le dos une Arabe qui dia­logue en arabe dans son télé­phone portable, que je prie de se taire, qui se tait pour faire enten­dre aus­sitôt, à deux sièges du mien, une Brésili­enne qui dia­logue en brésilien dans son télé­phone, et dans ces con­di­tions, celles du chara­bia uni­versel qui bloque toute vel­léité de pen­sée ou de lec­ture, nous tra­ver­sons le Lavaux, Puidoux-Chexbres et Palézieux. Peu après, au milieu d’un champ, la valise ouverte, je me change, c’est à dire que je quitte mes jeans pour enfil­er une paire de Bermudes et c’est ain­si que Mamère, descen­due me pren­dre en voiture me décou­vre, en slips, sur le bord de la route.