Arrivé en retard en classe, je voyais que le devoir d’allemand exigé par la maîtresse comptait trois pages. Or, je n’en avais que deux.
-Madame, disais-je, je suis tout à fait capable de produire le reste de la dissertation, j’ai mal interprété votre demande.
Rassuré, je m’entendais répondre:
-Prenez votre temps! Rapportez-moi ce que vous avez écrit!
Derechef, je m’exécutais, quittant jambes au ventre les bâtiment d’école, me fourvoyant tel un rat de laboratoire dans les couloirs d’un labyrinthe flanqué de pavillons identiques. Ayant récupéré le reste du devoir, je repartais dans l’autre direction, mais alors, les numéros de classe ne correspondaient plus. Hissé sur la pointe des pieds, je trouvais assis en rang des enfants plus petits, plus grands, inconnus, toutes sortes d’enfants sauf mes camarades. Un professeur à la retraite me croise: “eh bien, quand vous aurez fini de gesticuler, venez me rejoindre dans la salle de sports, nous nous exercerons!”. Et tout en filant, je disais: “volontiers!”. Plus loin, une négresse à chignon me barrait l’entrée d’un entrepôt. Tout de même je jetais un œil à l’intérieur: des poutrelles métalliques. De retour dans les allées du labyrinthe, survenait le fils du voisin, un petit roux qui, selon l’expression, avait “bien grandi: au lieu de conduire un tricycle, il conduisait un petit camion. Ainsi, courant d’une allée à l’autre, le devoir en main, je me disais: j’ai tout pour réussir, mais je suis perdu, l’heure est passée, le succès est derrière moi.