Bois

Nous faisons livr­er deux stères de bois coupé. A répar­tir entre le guide qui vit dans les anci­ennes écoles, mon voisin et moi. Je garde mille kilos. Quand le camion est en vue, nous sor­tons. Vient dans la rue Paco, le paysan qui pos­sède la moitié du vil­lage. Il approche la brou­ette et nous aide. Soudain, il arrête.
-Tu es d’où? Fait-il au bûcheron.
L’autre qui manoeu­vre sa remorque n’en­tend pas.
-Il est d’où?
-De Yesa, fait mon voisin.
Alors Paco:
-Hé, toi, l’homme de Yesa! Tu as con­nu un cer­tain Ama­do? Ama­do Jorge?
-Un peu.
-Tu l’as con­nu ou tu l’as pas con­nu?
-C’est mon oncle.
-On a fait l’ar­mée ensem­ble. Il est tou­jours vivant ou il est mort?
-Vivant.
-Dans quel état?
-En bon état. Même qu’il va tous les jours à la chas­se.
-Bien, alors tu lui pass­es le bon­jour.
Or, ce Ama­do dont par­le Paco, cet Ama­do qu’il n’a pas vu depuis quar­ante ans vit à quelques kilo­mètres, de l’autre côté de la montagne.