Jours heureux avec Gala dans la petite ville de Barbastro. Elle ne voulait pas rouler, pas se rendre à Agrabuey (qu’elle jugeait trop éloigné de Barcelone), surtout, disait-elle, s’il faut ensuite descendre en Andalousie (ce dont j’avais parlé, mais pour moi, sans songer qu’elle pourrait être du voyage). Je fis valoir que de Barcelone, nous irions où elle voulait à condition que ce soit en Espagne. Nous voici donc roulant vers le Nord. Lérida? C’est toujours la Catalogne. Donc je quitte l’autoroute. Une demi-heure plus tard, nous sommes à Fraga. Une ville-trou bordée d’usines (céréales et parking à tracteurs me dit le maire la semaine suivante) et passant le pont, le panneau annonçant la mosquée avec, sur les trottoirs, les parachutés du tiers-monde que nous voyons au quotidien en Suisse. J’accélère, fébrile sors la carte. Comme d’habitude, toute générale, sans compter que la région est à peu près aussi touristique que Viège ou Schweizerhalle. Heureusement, nous replongeons très vite en plein désert.
-Mais enfin, où veux-tu que nous allions? Et pourquoi pas Agrabuey, nous ne sommes plus qu’à deux cent kilomètres!
-Tu ne vas pas commencer?
-D’accord, mais pourquoi?
-Mon médecin déconseille l’altitude, surtout si ensuite on doit faire mille kilomètres pour aller en Andalousie.
-Mais on ne va pas…
-Je sais, mais il fallait dire avant, là, c’est trop tard, mon médecin croit que je vais à Agrabuey puis en Andalousie… aïe, aïe!
-Quoi?
-La route.
-Une catastrophe! Mais tu t’attendais à quoi? On aurait dû rester saur l’autoroute!
A perte de vue, canyons, roches rouges, châteaux en ruines et cochons.
Et de ce bon pas, miracle, nous arrivons à Barbastro, petite ville de vin rouge où je trouve une suite dans un hôtel du centre. Une rue pavée nous mène aux bières, au restaurant et nous ramène à la chambre.