Mudanza 2

Sept heures, le télé­phone sonne.
-Ils sont dans ta rue, dit ma belle-mère qui appelle de Hon­grie.
Je sors la torche à la main. Deux Hon­grois en train­ing fument devant l’an­ci­enne école. Ils manoeu­vrent le camion, débâchent, aus­sitôt trans­portent canapés, chais­es, lumi­naires et car­tons. Comme d’habi­tude, Imre me mon­tre des pho­tos de ses derniers tirs mil­i­taires, puis ils boivent un café et annon­cent qu’il repar­tent sur Saint-Sébas­t­ian par la nationale.
-Pour aller ?
-A Brux­elles. Nous avons un autre démé­nage­ment là-bas. La nationale, pour économiser.
Je leur explique la dif­férence entre “autopista” et “autovía” : la pre­mière est payante, la sec­onde ne l’est pas.
-Ce sera plus rapi­de, non?
Imre note les sigles, A et AP, explique à son col­lègue dans leur langue fab­uleuse ce qu’il ne faut pas faire: s’en­gager sur une autopista, une AP.
Brux­elles! Penser qu’ils arrivent de Budapest, qu’ils vien­nent de pass­er la nuit dans le camion (il fait ‑5°), qu’ils vien­nent de décharg­er mil cinq cent kilos et sont atten­dus à 2000 kilo­mètres où ils atta­que­ront aus­sitôt la suite du travail!