La semaine dernière, je vais faire du yoga. Dans le principe, rien qui ne m’insupporte plus. C’est tout à fait contraire à mon esprit, mes formes, mes blocages — et ces derniers sont innombrables — pire, je ne tiens pas du tout à être débloqué (au même motif, ma défiance envers la psychanalyse). Bref, je prends la posture, je me glisse dans le rôle et dans l’onde, je m’initie au courant. Comme je suis, en ce moment un être perdu, une pauvre homme de cinquante ans sans femme qui essaie de tenir la tête hors de l’eau, au moment où la sauce prend (je parle du yoga), je me redresse cerveau en main et apparaît… un chou. Un joli chou blanc et vert, d’un poids certain, disons deux kilos comme un gros bébé. Il est au Mexique, à Xalapa, au milieu d’une société de légumes et dans ma vision, je vois que ce sont, ces légumes, les protégés de Toldo, mon ami qui a crée dans la couronne de la capitale des fermes biologiques et, toujours dans cette ouate minuscule que produit l’hypnose légère du yoga, je me dis: “Alexandre, c’est là que tu dois aller! Toldo va te faire une faveur, il va te remettre entre les mains du chef des péons qui t’enseignera à cultiver ces légumes formidables, sains comme le paradis!”