Eliza

Rêve de répéti­tion cette nuit. Des choses vues et pen­sées le jour se répè­tent devant l’e­sprit qui les con­sid­ère de l’ex­térieur, comme si elles étaient spon­tanées, neuves, ce qui pro­duit l’a­paise­ment. Peut-être n’avait-elles été qu’en­tre­vues ou pen­sées incom­plète­ment, dans quel cas c’est le proces­sus psy­ch­an­a­ly­tique dans sa fonc­tion de base qui est à l’œu­vre, mais cela m’a fait penser à Eliza, l’or­di­na­teur prim­i­tif instal­lé par Weizen­baum dans son insti­tut de recherche l’an­née de ma nais­sance . Afin de soulager l’anx­iété de ses col­lab­o­ra­teurs, l’Améri­cain avait créé un ordi­na­teur qui refor­mu­lait sous forme de ques­tions et de sol­lic­i­ta­tions les con­fi­dences que ceux-ci tapaient sur le clavier, pro­duisant ain­si une décharge émo­tion­nelle proche de celle que m’obtint le rêve de cette nuit.
AF à l’or­di­na­teur — Je me demande ce que je ferai si je quitte l’Es­pagne.
L’or­di­na­teur — Vous songez à quit­ter l’Es­pagne? Je com­prends. Et que fer­ez-vous?
AF à l’or­di­na­teur — J’i­rai dans la mon­tagne.
L’or­di­na­teur — Vous irez donc dans la mon­tagne.
AF à l’or­di­na­teur — Oui, mais je ne sais pas si c’est bien.
L’or­di­na­teur — Non, vous ne savez pas si c’est bien.