Splendide fin de journée, la plage est lumineuse, la falaise rose de soleil. Je requinque mon pneu de vélo, prend l’ascenseur, me mets en selle, fais deux mètres, le pneu est dégonflé. Tant pis pour la balade en direction d’Almeria; j’en profite pour apporter le vélo à la révision. Là, je me rappelle à la bonne mémoire du mécanicien. “Je sais, me dit-il, c’est ce vélo avec lequel tu as voyagé”.
-Jusqu’en Syrie. Vingt-cinq ans sans une réparation.
-Epatant! Je vais te le briquer.
-Attention, pas question d’en faire un trophée, je l’utilise.
Il l’empoigne:
-Et par où es-tu passé pour aller jusqu’en…
-…Syrie.
J’énumère.
-Oui, me dit-il, donc tu as dû traversé ce fameux canal?
-Un canal? Le détroit de Corinthe, peut-être?
-Non, cet autre qui a déclenché tant de guerres, un axe marchand… le canal de Panama.
Maintenant, songeur, je marche sur le quai et j’écris — après avoir longtemps repoussé pour ne plus savoir ce qu’il convient de dire — le premier chapitre du livre consacré au voyage dans l’Est entrepris en septembre.