Juchés sur des tabourets en forme de points d’interrogation des jeunes tatoués jusqu’à l’os mangent des “tapas” et jouent avec leurs ordinateurs aériens. Les mâles portent de vastes barbes neptuniennes, ceux qui ont faim mangent des salades vertes et saines, les autres boivent dans des coupes, tous rient, parlent vite, en même temps, de tout, de n’importe quoi, se montrent et se regardent, veillant à ne pas tomber des tabourets. Cela, sur deux, dix, vingt terrasses, dans les odeurs d’after-shave et de déodorant, de make-up et de faux-cils tombés dans les soucoupes de “gambas”. La merde. Qui rappelle la situation tragique et post-moderne du client de safari. Assis à l’arrière de la jeep que conduit un nègre institutionnel, le touriste photographie les lions à travers le vitrage étincelant. Les fauves dorment. Alors le photographe, croyant que son appareil-photo le protège, ouvre la portière et s’approche. On connaît la suite.