Excursion 2

Penser que ce pays avait des habi­tants, des qual­ités et des défauts, une cui­sine, une langue, une activ­ité orig­i­nale sous le ciel. Mon but n’est pas de vex­er: quelle poubelle! Des rues à l’ar­chi­tec­ture aimable avec ça et là, mon­tré par des pan­neaux en trois langues, des mon­u­ments. Sur ce décor reto­qué, les noms des empires plané­taires: Nespres­so, Flunch, Zara, Orange, Adi­das. Côté liq­uide et solides, des ordi­na­teurs avec humains inté­grés qui ser­vent des rations. Les pas­sants pour­suiv­ent en sif­flant des sodas en gob­elets ou en mangeant des débris de viande, l’air heureux — je veux dire, drogué. D’ailleurs la terre entière s’est don­née ren­dez-vous atour du Capi­tole. Pas une eth­nie qui n’ait ses élus. Avec un point com­mun, le télé­phone portable. L’am­biance est dés­espérante. La cul­ture, d’en­tre­prise. L’avenir, à la traite. Le présent, informe, invertébré, bête. Pour entretenir ces espèces encagées, des mil­i­taires de toutes couleurs et de toutes races patrouil­lent le Famas en ban­doulière. Et au ras du sol, les loque­teux pro­fes­sion­nels, Roms, punks, bar­bus, givrés, tech­no-les­bi­ennes, des chargés de mis­sion en quelque sorte, il rap­pel­lent au pas­sants zomb­i­fiés com­bi­en leur sort est chanceux.