Vider le corps

En rad­i­cal­isant la tech­nique du flux de con­science, ou pour être exact en la con­sid­érant non plus comme une théorie esthé­tique qui per­met d’obtenir des per­son­nages ou du nar­ra­teur un sim­u­lacre de flux mais comme une pra­tique sus­cep­ti­ble de libér­er la parole du con­trôle men­tal qui s’ex­erce au moment de la pro­duc­tion lit­téraire, on devrait pou­voir écrire dix, vingt ou trente heures de suite, jusqu’à la lim­ite de l’épuise­ment, et tir­er ain­si du fonds de l’in­con­scient des séries de sens inédites. La pre­mière phrase n’a aucune impor­tance. Elle sert à déclencher le flux, lequel ne com­mence à opér­er (si cela marche), qu’au moment où l’e­sprit cri­tique baisse la garde. Ensuite, le matéri­au devra être tra­vail­lé en ce sens qu’il fau­dra pra­ti­quer des coupes som­bres. Les par­ties con­servées seront alors join­toyées, pour utilis­er un terme de maçon­ner­ie. Le but étant de vider le corps de son con­tenu de paroles et d’images.