Tuc

L’en­fant vit un ensem­ble d’ob­sta­cles. Il étaient durs, bruns et ver­ti­caux. Il s’ap­procha. Tâtant l’un des spéci­mens, il le nom­ma Tuc. Il péné­tra dans l’ensem­ble. Les autres lui apprirent qu’il s’agis­sait d’ar­bres. Un temps, il con­ser­va le terme qu’il avait inven­té puis se con­for­ma, appelant arbres les Tucs. Parce qu’il pen­sait encore aux Tucs et les com­para­it par­fois aux arbres, il prit con­science que cette chose qui se dres­sait devant lui n’é­tait ni un arbre ni un Tuc, mais une chose. Il prit con­science que si la com­bi­nai­son de ces choses for­mait ce que les autres appelaient une forêt et qu’à leurs yeux cet ensem­ble était néces­saire, lui était tenu de raison­ner autrement: ce qui est, pen­sa-t-il, n’est peut-être pas le tout et ce tout n’est pas for­cé­ment ce qu’il est. Il s’é­ton­na alors d’avoir spon­tané­ment nom­mé les autres, autres et d’avoir accep­té qu’ils lui imposent de voir une arbre là où il s’agis­sait vraisem­blable­ment d’un Tuc.