Soleil

Au réveil, les mêmes ver­tiges qu’à Pâques sur la mon­tagne. Le pla­fond et le sol tour­nent, je dois m’asseoir dans le lit, je manque vom­ir. J’aimerais con­clure à l’ex­cès d’al­cool, mais la déduc­tion n’est pas sim­ple : hier, pour la pre­mière fois de l’an­née, j’ai pré­paré le vélo de course et je suis mon­té dans l’ar­rière-pays. Impa­tient, je suis par­ti trop tôt. Il était 17h30, il fai­sait trente-cinq degrés. Or, les collines qui penchent au-dessus des toits du vil­lage n’of­frent pas une pente, mais un mur. D’ailleurs les auto­mo­bilistes le savent, ils restent sur la côte — j’é­tais seul. Une mon­tée de trente min­utes. Chaque tour de roue me coû­tait. L’eau du bidon était chaude, les herbes croustil­laient, les oiseaux volaient au ras du bitume (pas la force de bat­tre les ailes). Je passe la colline, elle en cache une autre. Le col est à trois cent mètres, j’ai l’im­pres­sion d’avoir gravi les Alpes. Ensuite, je me perds dans le vil­lage blanc de Machar­avi­aya, demande ma route aux enfants, trans­porte le vélo sur un chemin de pous­sière, passe entre les oliviers et les ânes, retrou­ve la côte à Benara­jafe, bois un litre d’eau fraîche et fais une pointe à 45 km/h. Comme aujour­d’hui, les ver­tiges de Pâques ont eut lieu au lende­main d’une journée de grand soleil. Trois heures de ski alors, trois de vélo hier. Plutôt que l’al­cool, ça doit être l’in­so­la­tion. Pour­tant, les deux fois, j’é­tais casqué. Je viens de dormir onze heures. J’ou­vre une livre, je me mets à l’écri­t­ure. Il faut renon­cer. A l’é­tage, dans la lumière de l’après-midi, je me ren­dors. Six heures sans remuer le petit doigt.