Refaire

“Si c’é­tait à refaire…” Ce qui a été fait ne peut être refait et ne peut donc être pen­sé (nous croyons dis­pos­er de l’ob­jet du sou­venir parce que nous le représen­tons, mais ce que nous représen­tons est un objet con­stru­it au présent). C’est au con­traire ce qui a été fait qui con­stitue notre pen­sée et déter­mine l’avenir comme une chose à faire et qui ne pour­ra être faite de toutes les manières mais seule­ment d’une cer­taine manière. De sorte qu’il y a de moins en moins de jeu — ce qui n’im­plique pas qu’il y a de moins en moins de lib­erté. A cet égard, le titre du dernier livre d’An­dré Gide est éclairant. Dans Ain­si soit-il et Les jeux sont faits, l’au­teur prend la plume sans l’in­ten­tion de rien dire de pré­cis, se lais­sant aller à dire ce qui lui viendra.