Papillon

Un papil­lon de bonne taille s’est posé dans le salon. De loin, il ressem­ble à un avion fur­tif: les ailes ont la même découpe, le nez la même pointe. J’at­trape la spat­ule du bar­be­cue, la glisse sous le corps de la bête. Gala empêche mon geste: je vais le bless­er. Elle approche un chif­fon. Le papil­lon déplie ses ailes, une tache rouge carmin appa­raît sur le bas du corps. Le papil­lon se referme.
- Il est en fin de vie, déclare Gala.
Dans l’heure qui suit, je l’ob­serve plusieurs fois. La tête dans l’an­gle du mur, il est immo­bile. La nuit, quand je reviens de la ville, je le trou­ve à quelques cen­timètres de l’an­ci­enne posi­tion. Je le touche. Il ne réag­it pas. Je fais couliss­er la baie vit­rée de la ter­rasse, le jette dehors. Il ouvre et referme les ailes. Je sors. Gala m’at­tend sur le quai. Je lui par­le du papil­lon.
-En ton absence, je lui ai don­né une goutte d’eau.
Ce matin, il a disparu.