Car

Car de Chi­nois débar­qué dans la ville. Il est vingt-et-une heures, je suis au super­marché. Ils se hâtent à petits pas à tra­vers les rayons, regar­dent, com­mentent, se con­sul­tent. Que font-ils là? Dans cette ville espag­nole, petite, sans intérêt, loin de tout aéro­port? A les observ­er, on dirait qu’ils ont été télé­portés. De leur cam­pagne de plaines vertes, d’eau rouge et d’usines, directe­ment au milieu du super­marché, ce same­di soir. Je les retrou­ve aux caiss­es. Les dames ont cha­cune acheté un paquet de bis­cuits. Les maris vont der­rière à la façon de gros pigeons rem­plis de fierté: c’est eux qui ont les porte-mon­naie. Puis ils sor­tent dans le vil­lage et marchent à dis­tance des façades comme s’ils craig­naient de touch­er au décor.