Thé

-Non Mon­sieur.
-Mais enfin, je dois aller à la ville, mon tra­vail m’at­tend!
-Peut-être, mais il n’y a pas de train.
-C’est impos­si­ble!
-C’est ain­si. Pour tout le monde. Que je sache, les autres jours, vous n’êtes pas le seul pas­sager? Est-ce qu’ils s’én­er­vent les autres?
-Et quand…?
-Quand? Mais com­ment voulez-vous que je vous dise! Dans dix min­utes, demain, jamais? Je n’en sais rien. Un con­seil, ren­trez chez vous, cuisez un thé! Nous vous don­nerons des nou­velles.
-Et si cela devait dur­er?
-Alors peut-être ne don­nerons-nous plus de nou­velles. Moi aus­si j’aime boire mon thé. Je peux atten­dre, je suis à votre ser­vice, mais pas infin­i­ment. De vous à moi, car mon chef n’aimerait pas m’en­ten­dre dire cela… mais vous êtes du vil­lage, un ami en quelque sorte, Mon­sieur…?
-Ratz.
-Eh bien, Mon­sieur Ratz, s’il n’y a plus de train, le tra­vail… Vous voyez ce que je veux dire? Je veux dire, plus de train, plus de tra­vailleurs, plus de tra­vail. Allez savoir ce qu’il va se pass­er là-bas, à la ville! Croyez-moi, allez faire votre thé!