De la perfection, qui est une recherche sans atteinte, au perfectionnisme, qui est un dépassement par l’échec. Ainsi pourrait-on résumer l’entreprise monstrueuse de Metallica travaillant laborieusement son album de moitié de carrière. Cela me fait penser au Jeu des perles de verre de Hermann Hesse. L’écrivain allemand est persuadé d’écrire un texte qui contient toute son esthétique alors qu’il perd son lecteur et rompt avec la facture classique, proche de l’exposition, des livres qui ont fait le succès de son œuvre, Demian ou encore Narcisse et Goldmund. Et puisqu’il s’agit avec Metallica de musique, il faut revenir sur le cas exemplaire de ce groupe de néo-folk, parmi les meilleurs du genre, Midlake. Trois disques exceptionnels paraissent, puis le groupe exclut son chanteur. Motif: après une année de travail sur la maquette du nouvel album, le jugeant imparfait, celui-ci refuse de le laisser paraître. Les autres membres du groupe finissent les enregistrements et publient sans son accord.