Pour quoi s’en tirer? Si l’on essaie de s’en tirer, c’est qu’on s’est fourvoyé. C’est donc qu’après avoir commencé, on a mal fait. Et si l’on est mesure de le constater, c’est que les forces permettent aussi de recommencer.
Mois : mars 2017
Temps
Grande pluie sur la côte. A nouveau la mer se déchaîne. Conduisant Aplo à l’aéroport, je montre les vagues grise, éméchées, qui s’abattent. Le sable vole, entre deux assauts les rochers soufflent. Comme d’habitude, les habitants se calfeutrent, la promenade est déserte. Dans l’averse, les voitures avancent au pas. J’écoute The Cult, ravi d’avoir vu mon fils, content d’être seul, prêt pour la reprise.
Knut 2
Knut Hamsun, vieillard sourd, retenu en 1947, sur ordre de la police norvégienne dans un asile psychiatrique, est autorisé un après-midi à gagner Oslo pour faire diagnostiquer par un occultiste une vue faiblissante quand une inconnue lui saute au cou, l’embrasse et le remercie pour ce qu’il est et ce qu’il a écrit. “Je n’offrais pas précisément le spectacle d’un splendide vieillard à la dame qui me prit dans ses bras rue Karl Johan.”
Images
Les images impriment la rétine. Sur l’esprit, elles glissent. Parfois, elle l’emballent. Puis se défont. Alors que l’écrit pénètre, grave, accroche aux plis. D’un simple signe lu, l’esprit travailleur obtient reconstitution. De l’image, il reste ce qu’il reste: l’équivalent d’une gifle dont on se demande le motif.
Stations
Gala sur la voie du retour. Tous les jours, depuis seize ans, ce roman qui m’agace, m’angoisse, me défait. Je l’ai quittée à Genève le 29 février, je l’ai vue une heure dans un bar à la veille de mon retour en Espagne. D’un bar dans Figueras, elle écrit ce soir: “je viens de conduire 600 km, il en reste deux fois plus, il pleut, l’hôtel n’a pas la wi-fi”.