Passionnant ce film de 2004 sur Metallica, Some Kind Of Monster. Réuni dans un entrepôt californien après vingt ans de carrière et nonante millions d’albums vendus, le groupe engage un psychanalyste pour régler les conflits qui opposent ses membres. Dans Huis-clos, Sarte n’offre qu’une version toute idéale de l’enfer dans lequel dégénère les amitiés de symbiose. Or, il n’y a pas de milieu plus travaillé par les contradictions intimes, l’égotisme et la folie que celui du rock. A quoi s’ajoute les drogues, l’alcool, l’argent, la vieillesse. Les débats autour du canapé prennent des proportions surréalistes. Le professionnel de l’esprit, bientôt dépassé, balbutie. Atmosphère qui devient comique lorsqu’on la met en relation avec l’enregistrement d’un album de heavy-métal, ce que fait ce long-métrage de deux heures. Dans les années 2000, j’avais traduit pour Kerrang, une biographie alors complète des Suédois: elle comptait quelque vingt pages dans le format du magazine, mais l’économie imposait de travailler sur le cumul de dates et les anecdotes, plutôt que sur la nature profonde des membres, ce mélange d’animalité, de bêtise et de génie. Il est difficile pour quelqu’un qui n’a jamais frayé avec le milieu rock de se représenter combien l’amitié qui fait le talent unique d’un groupe est à la merci incessante des dissensions intérieures.