Samedi, la mer s’est soulevée. Des bourrasques se sont abattues sur le village, les sables du Levant ont inondé les quartiers. Toute la nuit l’immeuble a tremblé comme un navire sans quille. Le dimanche, la pluie a continué. Des montagnes ruisselait une eau brune. Je suis descendu sur le quai. L’assaut des vagues effaçait la plage. Il régnait une chaleur anormale, chargée d’humidité, asiatique. Mais ce n’est que lundi, alors que j’allais à l’entraînement par la promenade maritime, que j’ai vu la couleur nouvelle de la ville: une lumière de poudre faisait ressortir les tons pastels, il y avait plus de rose que de gris aux façades, maculés de sable saharien, les routes, les trottoirs, les toits étaient terreux. Le long des douze kilomètres que je parcours, une ribambelle de municipaux récurait à coups de jet et de brosse pour faire revenir les couleurs.