Pour la première fois dans l’histoire de la présidentielle américaine, l’élu défend un programme métaphorique. Les Etats-Unis sont une entreprise. La littérature insisterait sur les limites de la métaphore. Mais la simplification qu’elle opère sur le réel n’est pas plus arbitraire qu’un programme idéologique. De plus, cet usage de la métaphore renvoie au métier de Trump, la gestion, à une époque où la politique étant affaire de spécialistes, la majorité des hommes de pouvoir n’ont jamais travaillé de leur vie. Métier de la parole, dit-on: autre métaphore. Aux conséquences évidentes: la complaisance envers celui qui est la source du profit. Être riche comme l’est Trump semble a priori moins dommageable que de gouverner sous le contrôle des riches. En revanche, à filer la métaphore de l’entreprise, l’on constate la victoire sans concession du capitalisme. Que l’on cautionne l’international-socialisme du clan Clinton ou le national-libéralisme de Trump, deux courants historiques passent aux oubliettes: le socialisme populaire, celui que défend un Jean-Claude Michéa lorsqu’il s’inspire de la légende syndicale anglaise (mais encore faudrait-il pour faire advenir semblable politique de la raison que les ouvriers représentassent aujourd’hui une force sociale équivalente à ce qu’elle était jusque dans les années 1950) et le libéralisme classique, qui valorise l’esprit d’entreprise et la liberté individuelle. De sorte que la prise de pouvoir du nouvel élu américain, n’est que la poursuite d’un processus de concentration du capital qui a nom néo-libéralisme et qui, dans la phase actuelle, passe fatalement par la négation de l’intérêt individuel. Et pourtant, il faut préférer Trump à ses adversaires, car tandis que le premier défend l’entreprise américaine contre les autres entreprises nationales, les néo-libéraux dont Clinton est la représentante, au prix d’une alliance contre-nature avec les sociaux-démocrates, défendent une mondialisation qui ne vise qu’à reproduire à l’échelle de l’humanité le schéma de pillage outrancier institué par les derniers monarques de l’Ancien régime.