La question est alors de savoir s’il l’on consent à une série importante et, semble-t-il potentiellement croissante, de sacrifices pour partager un moment de grâce. Si l’on s’engage dans ce pari pour être plus exact, car la grâce, moment supérieur, n’est jamais offerte en principe, mais réservée et distribuée au hasard. Pour moi, la réponse est non. Ce concert magnifique donné par Richard Aschcroft dans une ville de Londres amoncelée d’obstacles, mon esprit ne peut y tendre sachant ce que le corps aura à endurer. Ajoutons que l’artiste qui occupait ce vendredi 9 décembre 2016 la scène de l’O2-Arena a, lui, donné à cette même question, la réponse inverse. Il a survécu en tant qu’artiste à la séparation de The Verve, survécu en tant qu’homme aux ravages de la drogues et, franchissant un à un les obstacles, il s’est présenté avec un micro devant sept mille personnes. Rédemption et transfiguration. Si la grâce est le fruit de la souffrance, le vocabulaire de la religion est le mieux adapté pour exprimer les conditions brutales de la modernité en phase d’auto-destruction.