Ce débat lancinant, au repas, à l’apéritif, le soir, au petit-déjeuner: où allons-nous vivre? Gala proteste qu’elle n’aime pas entendre l’espagnol, que les gens d’Espagne sont dépourvus de curiosité, qu’il n’y a rien à faire… Mais quand je demande où elle veut aller, elle se tait. Elle évoque la Suisse, je refuse. La France? Qu’on ne me parle pas de cette société en processus de liquidation! Alors l’Allemagne? Pour Gala veut dire Munich. Parce qu’on peut y faire du vélo à plat et que les bavarois sont cordiaux. Une fois de plus, me voici donc devant l’ordinateur, triant des offres d’appartements. Obergiesing, Berg Am Laim, West-Schwabing. Surface de l’appartement? 60, 70, 80 m². Trop petit. Quand c’est assez grand, trop cher. Quand c’est à la bonne taille, au juste prix, la location est de six mois minimum. Nous cherchons alors dans les montagnes. En Haute-Savoie. Et qu’y voit-t-on? Des villageois qui ont investi à la va-vite dans des architectures médiocres pour toucher une rente à bon compte. Ou alors de bon gros chalets de madriers dans leur jus — à prix d’or. La vérité est que je ne veux aller nulle part. Qu’on me donne un endroit avec du bon air, des arbres, une vue, du soleil, peu d’hommes et aucune société.