Noria 4

Cou­ru 32 kilo­mètres sur les quais ce matin; rien de tel pour glan­er des idées lit­téraires. Le prob­lème est qu’à par­tir d’un cer­tain degré de fatigue, la mémoire résiste aux inscrip­tions. Ce d’au­tant plus que ces idées sont lit­téraires: en con­séquence, elles ne tien­nent qu’à la valeur des phras­es qui les expri­ment. Il faudrait retenir vingt à trente phras­es avec les mots dans le bon ordre. J’ai donc mis au point une mné­motech­nique: j’ex­trais de chaque phrase un mot clé et je ne mémorise que celui-là. A tâche pour lui de me ramen­er ensuite la phrase dont il est abstrait. De retour au vil­lage, traî­nant la jambe sur le dernier kilo­mètre, me voici à la tête d’une ritour­nelle: pot de cham­bre — barbe — trop gros — clef — trois langues nationales plus deux — boules de pétan­ques — déguise­ment — lait sans lactose.