En fin de compte, je me rabats sur Arte. Ce qui offre un avantage, je vais pouvoir aller me coucher. Car pour ce qui est des fictions, cette chaîne que l’on dit culturelle donne dans la série policière diffusée par épisodes ou dans les moyens-métrages à vocation tiers-mondiste. Scénario type: Abdul, jeune berger afghan que son père a répudié… Ou encore: dans le petit village africain, la saison des pluies approche quand… J’oubliais une dernière catégorie: les succès de la fin du XXème siècle dont nul cinéphile n’a entendu parler. Nous en voyions un hier, Lisa et le diable. Coiffures des années 1980, jeu hésitant, ralentis mystérieux et, dans le rôle du diable, Telly Savalas, en costume noir, la boule à zéro. Soudain, un sentiment de déjà-vu. Expérience fréquente, mais moins fugace que d’ordinaire. La scène de film montre l’héroïne embarquée côté passager dans une limousine des années cinquante. Elle jette un œil au rétroviseur et découvre sur la banquette arrière une femme qui a le même port de tête et la même coupe de cheveux. Le réalisateur questionne l’effet miroir. Or, à l’instant où cette scène se déroule devant mes yeux — scène lente- je constate que j’ai regardé ce même film il y a quelques temps, en compagnie de Gala, dans notre salon espagnol et prends conscience que cela avait lieu a la même époque, juste après notre retour en avion de Suisse, que le film m’avait ennuyé et que je m’étais levé pour aller au lit, ce que je fait peu après que le sentiment de déjà-vu se soit estompé.