Repsol

Encore six cent kilo­mètres de route. Plutôt que de réserv­er une hôtel à l’é­tape, nous roulons devant nous. Mal nous en prend. Le long de cette N‑635 que j’ai descen­du trois fois à vélo d’Oviedo à Mala­ga, il n’y que de rares vil­lages et les hôtels sont com­plets. Du moins à ce que pré­ten­dent les garçons qui ser­vent aux bars, car avec un peu de recul, il est facile de s’apercevoir que tous les stores des fenêtres en façade sont bais­sés. A la tombée de la nuit, nous nous instal­lons dans une cham­bre au pre­mier étage d’un restau­rant d’au­toroute. Du bal­con, j’as­siste à l’ar­rivée des bus. Ils déchar­gent les voyageurs pour des paus­es de dix min­utes. Alors, le bas de l’im­meu­ble bour­donne comme une ruche. Puis le calme revient. Le lumi­naire de dix mètres qui sur­plombe le toit s’é­claire. Il annonce la sta­tion ser­vice Rep­sol aux auto­mo­bilistes per­dus dans le noir. Plus tard, une famille doit aban­don­ner sa voiture. Le père, un mètre cinquante, vêtu de rose, ouvre les portes latérales, débar­que une pous­sette, deux enfants, sa femme, la mère. Tous mon­tent dans un taxi. Il dit au revoir. Le dépan­neur arrime la voiture et la hisse sur le pont. L’homme en rose monte en cab­ine. Ils ‘en vont. Main­tenant, Gala est douchée. Nous descen­dons. Au-dessus des toi­lettes, il est écrit en qua­tre langues, “les toi­lettes sont impéra­tive­ment réservées aux clients qui con­som­ment”. A l’in­térieur, au-dessus du lavabo: “il est inter­dit de se laver les pieds”. Une Arabe voilée entre, va aux toi­lettes, ressort. Une famille espag­nole prend place sur la véran­da, à notre côté, au plus près de nos assi­ettes de porc et d’œuf, nour­rit un bébé, puis le change sur la table. Le vin est mau­vais. Gala le trou­ve déli­cieux. De retour dans la cham­bre, nous tirons le store. Peu après minu­it, le bar ferme. Je vais m’en­dormir quand un camion­neur prend pos­ses­sion de la cham­bre voi­sine et déplace des meubles.