Pour qu’il y ait démocratie, il faut un rapport contractuel entre les individus garanti par un pouvoir représentatif. Ce qui requiert une morale (chacun doit comprendre son intérêt à respecter le contrat), une justice (qui impose cette compréhension lorsqu’elle n’est pas spontanée), des représentants élus. La morale est alors la caution de la justice et la représentativité des dépositaires de la justice (au sens large), la garantie de la pérennité du contrat. Où l’on voit qu’aucun des pays européens ne relève plus de la démocratie. D’abord, la morale n’est plus universelle, mais communautaire et catégorielle. Ensuite, la justice n’est plus une mais multiple: interprétée de manière différente (voire opposée) selon que que justiciable est un politicien, un ouvrier ou un immigré. Enfin la représentativité est formelle; dans le cadre démocratique des élections, la liberté est entravée; à niveau international, les instances gouvernantes ne relèvent plus de l’élection. Dans ces conditions, le maintien d’une justice (toujours au sens large d’organisation juste de la collectivité) de type démocratique implique un recours croissant à l’arbitraire, de sorte que l’on agira de plus en plus au nom de la démocratie pour servir des intérêts extra-démocratiques.