Cette bière espagnole est empoisonnée! Plate, gazeuse, désaltérante, sans goût et mal brassée. Il faudrait boire raisonnablement. Elle est conçue pour cela: sur la plage, à midi, au soleil, et le soir, au soleil toujours, pour l’apéritif, on boit un verre, deux au plus. Hélas, ma pratique est germanique: j’engloutis trois ou quatre litres dans la journée. Le résultat ne se fait pas attendre: mal de tête, cauchemars, insomnies, courbatures. Je change de marque, j’essaie une blonde d’importation: rien n’y fait, même flotte. Ce qui tendrait à confirmer le diagnostique que je fais dans Ecriture. Bière. Combat. L’Etat contrôle, frelate et aplatit pour éviter que le peuple ne verse dans l’ivrognerie. La véritable question étant: les critères de manipulation des alcools seraient-ils de moins en moins tolérants? Car enfin, cet été en Écosse, quel que soit le pub que je fréquentais, j’avais l’impression de boire de l’eau. Or, que je me souvienne, dans le Londres des années 1980, il n’en allait pas ainsi — et je ne confonds pas avec les bières artisanales. En matière d’alcool, le seul pays récemment visité qui ne ressemblait pas à un parc à thèmes pour adultes infantilisés, était l’Allemagne. A Munich, j’ai bu de la vraie bière, qui sent, pèse, saoule et endort. Si l’on doit cette réussite à la loi de pureté allemande que l’on s’empresse de l’imposer sur tout le continent!