Mois : août 2016

Cy

Expo­si­tion Cy Twombly (au fait, que veut dire “Cy”) à la Fon­da­tion Brand­horst de Munich. De cet artiste je con­nais­sais la péri­ode béton: écorchures, dénoués et traces blanch­es sur fonds gris, par­fois chargés de matière. Le con­traste entre l’é­pais­seur de la glaise et les spi­rales cray­on­nées me plai­saient. De 2000 à sa mort en 2012, il a peint des séries de grands for­mats aux couleurs vives. Une salle présente ain­si douze tableaux en mémoire de la bataille de Lépante. Des tons bleus (vu le sujet…), mais aus­si des oranges et des rouges. Plus loin, des toiles géantes représen­tant des bou­tons de ros­es. Elles ont été peintes à l’aide d’un pinceau-brosse ficelé au bout d’une perche. Pré­cisons que chaque fleur mesure 1,50 mètre de cir­con­férence et qu’il y en a trois ou qua­tre par toile. Et que voit-on? Quelque chose de beau. Quelque chose qui trahit la recherche d’un pein­tre authen­tique. Quelque chose qui exprime une quête d’. Quelque chose que l’on com­prend mais qu’il est dif­fi­cile de sen­tir. Mais alors, que voit-on? Quelque chose de beau et de plus ou moins heureux, selon le mariage de couleurs. Comme on dirait qu’il y a chez les grands lyriques abstraits de la trempe d’un Rothko des com­po­si­tions fortes et d’autres faibles. De même chez Mon­et ou Gérhard Richter…

Suisse

Toute société dont la puis­sance économique dépasse la force de ses mem­bres est amenée à brad­er sa cul­ture. Pour ce qui est de la Suisse, cette liq­ui­da­tion passe par l’emploi général des robots et l’im­por­ta­tion mas­sive d’id­iot utiles prélevés sur le con­tin­gents du tiers-monde.

Oniriques

A bord d’une Bent­ley décapotable con­duite par une grande femme. Nous sommes en cou­ple et en balade, emmenés par ce chauf­feur d’ex­cep­tion à tra­vers une ville his­torique. Un bras sur la por­tière, l’autre sur la cuisse de Gala, j’ad­mire les chapelles, les fontaines, les immeubles. Soudain, je crie:
- Mon pis­to­let!
La femme ne réag­it pas.
-Vite!
Je m’én­erve.
- Mon pis­to­let! Mon Glock! Dans la boîte à gants.
La femme jette un œil dans le rétro­viseur.
- Là, là! Dans la mau­dite boîte à gants, vous dis-je! Un pis­to­let!
Je l’empoigne et tire trois coups en direc­tion du cimetière.
- Qu’y a‑t-il y chéri? Demande Gala.
- Quelque chose à bougé!
Je cache le pis­to­let encore chaud entre les dossiers de la ban­quette arrière.
- Tu crois que ce cuir pleine peau va fon­dre?
Mais je n’ai pas remar­qué que la Bent­ley était arrêtée. Que Gala était descen­due. Sur le trot­toir, Gérard Berré­by, le directeur des Edi­tions Allia. La Bent­ley lui appar­tient; la femme aus­si. Il me tend un livre.
- Voyez !
Des stat­ues de la lib­erté de pro­fil détourées au cray­on gras dans la façon de Dubuf­fet. Au chapitre suiv­ant, une His­toire des alpha­bets. Le truc con­siste pour le lecteur à dessin­er le son des let­tres qu’il prononce au fil de l’énuméra­tion. Et ain­si, devant Gala, la grande femme et Gérard, le doigt pointé en l’air comme un chef d’orchestre dirigeant ses musi­ciens, je chan­tonne:
- En haut-en bas, à gauche‑à droite, en haut-à-gauche‑à gauche et à droite!