Oniriques

A bord d’une Bent­ley décapotable con­duite par une grande femme. Nous sommes en cou­ple et en balade, emmenés par ce chauf­feur d’ex­cep­tion à tra­vers une ville his­torique. Un bras sur la por­tière, l’autre sur la cuisse de Gala, j’ad­mire les chapelles, les fontaines, les immeubles. Soudain, je crie:
- Mon pis­to­let!
La femme ne réag­it pas.
-Vite!
Je m’én­erve.
- Mon pis­to­let! Mon Glock! Dans la boîte à gants.
La femme jette un œil dans le rétro­viseur.
- Là, là! Dans la mau­dite boîte à gants, vous dis-je! Un pis­to­let!
Je l’empoigne et tire trois coups en direc­tion du cimetière.
- Qu’y a‑t-il y chéri? Demande Gala.
- Quelque chose à bougé!
Je cache le pis­to­let encore chaud entre les dossiers de la ban­quette arrière.
- Tu crois que ce cuir pleine peau va fon­dre?
Mais je n’ai pas remar­qué que la Bent­ley était arrêtée. Que Gala était descen­due. Sur le trot­toir, Gérard Berré­by, le directeur des Edi­tions Allia. La Bent­ley lui appar­tient; la femme aus­si. Il me tend un livre.
- Voyez !
Des stat­ues de la lib­erté de pro­fil détourées au cray­on gras dans la façon de Dubuf­fet. Au chapitre suiv­ant, une His­toire des alpha­bets. Le truc con­siste pour le lecteur à dessin­er le son des let­tres qu’il prononce au fil de l’énuméra­tion. Et ain­si, devant Gala, la grande femme et Gérard, le doigt pointé en l’air comme un chef d’orchestre dirigeant ses musi­ciens, je chan­tonne:
- En haut-en bas, à gauche‑à droite, en haut-à-gauche‑à gauche et à droite!