Plutôt que de rentrer en Suisse, nous faisons une halte par Freiburg-in-Brisgau. J’ai une amie en ville. “Ne l’appelle pas!”, enjoint Gala. Six heures d’une route de campagne avec une trafic intense. Sur la fin, la Haute forêt noire. Quoiqu’il en soit, nous descendons. Au jugé, six cent mètres. Comme le ciel est bas et que nous plongeons, l’atmosphère est sinistre. Les sapins ressemblent à des parapluies, les verts ont de reflets de bouteille, l’air sent la cave. J’essaie de dépasser, de rejoindre l’avenir. C’est impossible. Il y a des caravanes hollandaises et des hippies dans des ambulances transformées en carrosses d’amour. Lorsque nous entrons dans la ville, nous empruntons une avenue qui file droit, et nous voici ressortis, nous voici dans les champs (dans le Bade- Wurtemberg, tracés au cordeau). Je tourne la voiture. Pour recommencer. Ensuite, il faut demander à un Allemand. Il y a des gens dans la rue. Des parachutés. Pas d’Allemands. Gala trouve un étudiant. Il nous renseigne avec précision et générosité. Nous aboutissons alors dans un hôtel tenu par des homosexuels, gentils, bien coiffés, odorants, qui nous montrent la chambre, mauve et le restaurant, sucré. Pour ne pas faire les originaux, nous buvons du vin. Et remontons avec peine dans la chambre (au passage, je note cette chose qui me paraît extraordinaire: il y a un aquarium encastré dans un mur. Un aquarium tout en hauteur. Dedans, quatre poissons rouges de bonne société. Des poisson achetés. Mais il y aussi des énergumènes minuscules, de la taille d’un ongle de petit doigt et, ceux-là ne sont pas achetés, ils ont poussé dans l’aquarium).