1er août

Entré en Suisse par le poste de douane autorouti­er de Bâle, nous avons affaire à un mal­otru bien suisse qui me colle la vignette sur le pare-brise et me men­ace d’une amende. Au guichet de dédouane­ment, un fre­lu­quet à képi tam­ponne mon papi­er sans me dire bon­jour ni au revoir. Même quand il m’or­donne de com­pléter mon adresse sur la quit­tance d’achat, il fait en sorte de ne pas crois­er mes yeux.
En début de soirée, je suis sous-gare à Lau­sanne, au boule­vard de Grancy. Pas de bière fraîche. Je con­sid­ère la caisse de Pschorr-Hack­er rap­portée de Munich. Soit je me résous à boire tiède soit je sors en quête d’un mag­a­sin. Il ne fal­lait pas sor­tir: je sors. Dans les étages de la gare, un super­marché est ouvert. Vingt per­son­nes devant, le triple à l’in­térieur. La police assure la cir­cu­la­tion. J’a­ban­donne. Je fais le tour du quarti­er. Je suis à Lau­sanne, Kin­shasa ou Mar­rakech. Six Fiat rouges de loca­tion remon­tent l’av­enue Fraisse décorée de bal­lons. Une opéra­tion pub­lic­i­taire pour une pizze­ria rapi­de. Les bras dressés au milieu de la route, le patron, un bar­bu sor­ti de mosquée, guide le cortège. Les voitures défi­lent au pas. Der­rière les volants, autant de musul­mans. Cent mètres plus bas, je trou­ve la pizze­ria. Pas d’al­cool. Je m’en­ferme dans l’ar­rière-bou­tique et jure de ne plus met­tre le nez dehors avant le jour du départ.