Le matche de boxe que je dispute a lieu à Thonon à 18h00. Un sac à dos chargé de matériel de combat, je quitte mon bâtiment, un HLM bâti sur la colline. Pour rejoindre la France, il faut emprunter un tunnel de 1,5 kilomètres creusé sous le lac. Attendant dans une salle émergée mon tour de pénétrer dans le boyau, je devine dans le noir des enfants qui se sont engouffrés. Des cris me parviennent, il y a bousculade. Pour faire régner l’ordre, je rampe dans le boyau.
- Voyons, qui se rend en France et qui se rend en Suisse?
De retour dans la salle, je tombe nez à nez avec la directrice du Salon du livre de Genève dont je moque l’air guindé:
- Faîtes quelque chose, matez-les! En plus, ils ont allumé des cigarettes! Ils vont nous étouffer!
Comme la situation dégénère, je regagne la surface. D’un kiosque, on me hèle:
- Et cette boxe?
- Par le tunnel, c’est impossible, je vais mourir. J’irai en taxi!
Alors, tous les piétons de la rue se tournent vers moi et récitent des poèmes.