Bords de mer

Eau limpi­de sur le bord de mer, les courants ont éloigné ces nuages jaunes qui les mau­vais­es semaines ourlent les plages. Près du rocher, des goss­es péda­lent des pieds sur des dauphins gon­flables, les familles ont dressé des tentes, les stéréos  des voitures hurlent du fla­men­co à tra­vers les cof­fres ouverts. Quand j’at­teins le point le plus élevé du chemin que j’emprunte pour gag­n­er la ville, une bar­que de rameurs défile au large. Six hommes rament dos au vent, le sep­tième barre debout. C’est lui qui se noiera dans le roman d’en­quête que j’écrirai pour m’a­muser. Puis vient la crique de l’Araña, celel de la fab­ri­ca, avec sa cimenterie et le quai aux sar­dines et ses cent restau­rants (en fait qua­tre-vingt deux, Aplo et moi les avons comp­té en avril). Les touristes étrangers sont arrivés, mais les lieux réqui­si­tion­nés demeurent: la table de joueurs de cartes, le banc des grands pères, le cou­ple qui vit dans sa camion­nette con­tre le déverseur des égouts. Enfin, le long quai en dalles blanch­es qui mène à la mari­na et au port avec ses pop­u­la­tions: les chats qui vivent sur les blocs de pierre et chas­sent à l’in­térieur du dédale, le fit­ness à ciel ouvert, l’aligne­ment des gar­gotes. Après l’en­traîne­ment, ver­rée avec les cama­rades. Un fonc­tion­naire de la ville, un agent de sécu­rité, un mil­i­taire, un bache­li­er. A tour de rôle cha­cun évoque la con­struc­tion d’un immeu­ble sur une plage con­nue, son inter­dic­tion d’ex­ploita­tion après achève­ment du chantier, son aban­don et sa destruc­tion. Et de don­ner en mil­lions la somme que les autorités et les pro­mo­teurs se sont mis­es dans les poches. Puis le mil­i­taire:
- Un garde civ­il gagne 1200 Euros, un garde nation­al, 1400 Euros. Quant au munic­i­pal, c’est une honte, c’est là qu’on voit où va notre argent, fig­urez-vous qu’il gagne jusqu’à 2100 Euros!