“Il va falloir importer vingt millions d’Africains dans les prochaines années”, écrit le Monde. Qu’est-ce que ce “falloir”? Malhonnête. Qui tait ses présupposés. Il ne faut pas, il faudrait, pour autant que la population se déclare le partisan d’une croissance de l’économie qui permet à une élite de vivre du surtravail des masses, qui permet aux jeunes de refuser tout travail qui ne relève pas du loisir, qui permet d’entretenir un fonctionnariat pléthorique et inerte, qui permet de garantir des droits matériels compensatoires aux catégories professionnelles dont le travail est relocalisé dans les pays pauvres, qui permet enfin d’augmenter nos achats de biens de consommation ostentatoires. Alors, si l’on veut tenir à bout de bras cet édifice absurde et chancelant, il faut en effet importer vingt millions d’Africains à qui l’on aura fait miroiter une participation aux avantages de notre société. Ce qui permet d’établir que la politique de l’Occident envers l’Afrique demeure ce qu’elle a toujours été: une politique du continent-réservoir.