Fébrilité à l’heure du dernier soleil. Lentement, comme s’il méditait, le voisin étend son linge. Les conversations baissent d’un ton, les balcons se vident. Enveloppé dans le drapeau espagnol, un gosse souffle dans une trompette — les parents le rappellent, le match commence. Les chiens vitaminée enfin se taisent. Premier but, cris de joie. Second but. Un père chante l’hymne national pour le bloc d’immeubles. La mi-temps s’achève. En liesse, les familles reprennent position dans les salons. Je fais remarquer à Gala que la moitié de la façade est plongée dans l’obscurité. Cela représente vingt ménages. Au village, les bars et les places doivent être bondées. Troisième but et fin de partie. La sonnette du portail résonne, les chiens miaulent: peu à peu, les familles reviennent au bercail. Quand nous nous endormons à deux heures du matin l’immeuble bourdonne comme une ruche, d’un balcon à l’autre les voisins discutent et commentent la victoire de leur équipe.