Mardi, un attentat à l’aéroport d’Istambul fait quarante et un morts. Douze heures plus tard, le voyageurs circulent dans les halles, mangent dans les restaurants, montent dans les avions. Ils poussent leur caddies dans les couloirs encore ensanglantés et contournent sans manifester grande émotion les secteurs où se sont fait exploser les kamikazes. S’ils s’arrêtent un instant pour photographier, le cliché montrera le rideau installé par la police pour isoler la scène.
Le journal Le Monde, avec une ironie voulue que je trouve, étant donné la gravité de l’acte, déplacée, titre: “retour à la normal à l’aéroport Atataurk”. Quant à poser des questions, nul n’y songe. Celle-ci par exemple: l’entrave à la circulation est-elle devenue sacrée?
Pour illustrer les vertus de l’économie collaborative, certains américains solutionnistes recourent à la métaphore classique de la fourmilière. Lorsqu’un insecte de taille doit être transporté, disent-ils, les fourmis conjuguent leurs efforts. Ne conviendrait-il pas plutôt de remarquer que, lorsque j’écrase une fourni sous mon pouce, les autres fourmis continuent de fonctionner.