Quand on sait, peut-on être heureux? Est-on heureux quand on ignore? Aucune de ces questions n’a de sens, la situation qui amène à poser ou à ne pas poser ces questions étant irrévocable. Pour sortir de l’impasse, il faut s’attacher à résoudre ce problème: qu’est-ce qu’être heureux? Avec pour conséquence vraisemblable un durcissement du dilemme auquel conduit a réflexion: soit, d’une part un savoir accru et un esprit sans cesse occupé de cet accroissement, dans quel cas la question du bonheur devient négligeable et prévaut la passion intellectuelle, soit d’autre part le renoncement au savoir, l’ignorance volontaire (qui n’est pas l’ignorance naturelle). Pour moi, je ne tiens pas en grande estime la recherche de l’agréable et du confort, ces composantes universelles du bonheur, ni de la reconnaissance au-delà du nécessaire, ni des honneurs ou des acquis matériels, proche peut-être d’une figure morale de la littérature, Henri de Montherlant, dont on a vite résumé le talent à ces succès de vente que sont Les jeunes filles, sans relever ce qu’il y eut d’héroïsme stoïque dans la conduite sociale.